
« C’était difficile pour lui d’être né tout en bas, dans un petit village de montagnes, d’une famille presque sans terre, avec seulement une vache, un petit champ de patates, un potager… »
Nous sommes en 1873. En Valais dans un village de montagne qui ressemble au val de Bagnes. Le héros de ce roman s’appelle Besse, il a vingt ans, il est un ouvrier agricole pauvre et sans héritage, né tout en bas et qui rêve d’une vie meilleure.
« Il avait compris vite que leur famille était la dernière du village, que sa vie serait toujours la même, à suivre le sillon du père, à se louer à la journée quand on aurait besoin de lui. »
Notre jeune protagoniste désire ardemment que les choses changent et pour cela il compte sur sa chance. Et voilà que celle-ci se présente un dimanche d’octobre … debout devant la porte ouverte de la salle sombre … sous les traits d’un étranger fameux, fier et de belle allure, le célèbre faux-monnayeur Joseph-Samuel Farinet.
« Alors Besse a eu l’impression que l’horizon s’étendait autour de lui, que sa vision devenait plus large … Jamais il n’y avait eu quelqu’un, dans sa vie, qui lui avait donné autant d’espoir. »
Parallèlement à cette venue qui fait naître en lui des espoirs d’or et de vie meilleure, une rencontre va bouleverser notre jeune héros et provoquer en lui une émotion plus violente que celle du goût de l’argent. « Son émotion était forte, comme si un petit soleil situé dans sa poitrine se mettait à irradier et à éclairer la terre entière. Il lui venait des sentiments de plaisir. Je vais la revoir… »
Celle que notre héros rêve de revoir s’appelle Thérèse. Seulement Thérèse est la fille d’un homme qui a des biens et de l’influence et qui est promise à un homme de son rang. Besse quant à lui … devra se rabattre sur une pauvresse, laide et malingre en plus.
Alors que doit-il faire lui qui rêve de s’élever au-dessus de cette vie miséreuse et de conquérir Thérèse ? Ne sera-t-il jamais qu’un pauvre petit ouvrier agricole sans héritage ? Doit-il renoncer à elle ? Il pourrait, comme Farinet, s’affranchir de sa modeste condition.
Alain Bagnoud signe ici un beau roman où il revisite le mythe de Farinet de façon originale au travers du point de vue d’un personnage inspiré directement de son arrière-arrière grand-père. Ce point de vue est aussi celui d’une jeunesse qui refuse de vivre une vie de misère et qui pose les questions fondamentales de ce que sont la liberté, la condition humaine et la détermination de nos vies.
Ce roman qui a obtenu le prix Édouard Rod reconstitue avec habilité et sincérité un univers âpre du Valais montagnard de la seconde moitié du XIXème siècle grâce aux qualités de style et d’imagination de son auteur.
A lire sans réserve.
Bagnoud A. La Vie suprême. Editions de l’Aire. Vevey, 2020
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